Concerto pour violon en fa mineur

Les corps tremblent et les dents claquent au gré des dissonances glaçantes et des rythmes effrayants qui introduisent « Winter », le dernier concerto du cycle musical de l’année de Vivaldi. Le mouvement d’ouverture « Allegro non molto » oscille entre une musique apparemment gelée sur une seule note et des élans frénétiques au violon solo, qui déferlent sur ce bourdon tels des rafales saccadées. Ce mouvement se propage au reste de l’orchestre qui, soudain galvanisé, épouse l’énergie du soliste et la transpose en une danse effrénée. Mais l’hiver n’est pas que pénible. Le mouvement lent « Largo » respire la chaleur et le bien-être. Une simple mélodie au violon solo est posée sur un lit de cordes en pizzicato, dont les pulsations lumineuses suggèrent non seulement le clapotis insistant des gouttes de pluie à l’extérieur, mais aussi un feu vacillant à l’intérieur. Dans l’« Allegro » final, la pluie s’est désormais transformée en un dangereux verglas. Une fois de plus, le violon solo ouvre la voie, glissant et se déplaçant chromatiquement, tout ancrage harmonique ayant pratiquement disparu. Les violons de l’orchestre suivent timidement, mais leur prudence ne suffit pas, les gammes descendantes précipitant la chute des gens au sol. Mais la beauté est également au rendez-vous, comme le montre le doux thème central de l’orchestre — un moment de calme avant que le violon solo n’entraîne l’ensemble dans un jeu musical endiablé. À propos des Quatre Saisons D’un soudain orage de printemps à la chaleur indolente de l’été, des chants et danses de la moisson (et de la boisson qui les attise) au frisson du vent d’hiver, les Quatre Saisons de Vivaldi sont le portrait vivant d’une année de vie à la campagne, peinte en sons. Publiés en 1725, ces quatre concertos pour violon ouvrent un recueil plus vaste, The Contest Between Harmony and Invention, mais sont toujours restés profondément singuliers : une musique descriptive à l’ère de l’abstraction, une musique de film bien avant le film lui-même. Considérés à l’époque comme des gadgets ou des innovations sauvages, il fallut plus de 200 ans pour que ces instantanés sonores se fraient une place régulière dans le répertoire.